Critiques

ROLAND CABOT, UN ARTISTE PLURIDISCIPLINAIRE
(traduit de l’espagnol)
Considérant la trajectoire de Roland Cabot, je dirai qu’il est un exemple à suivre vu les nombreux registres de son travail qui donnent à son œuvre un sens et une qualité exceptionnels.Un des avantages de l’art contemporain n’est-il pas de permettre toutes sortes d’idées, de projets, de solutions et de résultats?Comme je n’aime ni me tromper ni tromper les autres quand il s’agit d’analyser et de présenter au public l’ensemble d’une trajectoire, quel que soit son langage formel ou la nature de son contenu, je chercherai à être objectif.Dans le cas de R.C., sa personnalité saute aux yeux. Son travail pluridisciplinaire évoque un monde emblématique, plein de vécu, d’émotions, de satisfactions et d’angoisses. Sa sculpture nous fait penser à des architectures et son œuvre graphique, extrêmement personnelle et d’une grande acuité, me semble proche des meilleurs représentants de la tradition européenne.Il est dit que l’œuvre de R.C. est une symbiose entre un jeu de volumes architecturaux et l’agilité et la précision de son œuvre graphique. Ceci me paraît tout à fait vrai. R.C. dans sa manière de comprendre la sculpture joue avec les structures, les matières et les couleurs. Tout un jeu intégrateur, propre à l' »assembleur » qu’il est où rien n’est gratuit, hors contexte ou affecté par les différent « ismes ».

Je crois dans l’œuvre de Roland Cabot et je crois également dans ce que nous pourrions appeler une œuvre « bien faite ». Par ailleurs, rien n’aurait de sens si les lignes ou les volumes ne s’appuyaient que sur des concepts stricts. Ce qui compte, ce sont les solutions qu’impose la personnalité de l’artiste, sa fantaisie, sa liberté d’action et d’expression, ainsi que les gestes qui en résultent et qui sont sa raison d’être.

Jaime Soleri de Marquiña
Historien, Conservateur du Musée National d’Art de Catalogne.
Barcelone, Juillet 2001

LA SYMBIOSE MAGIQUE DE ROLAND CABOT
(traduit de l’espagnol)

Sans aucun doute, ce qui surprend le plus dans l’oeuvre de cet artiste c’est sa recherche passionnante d’expressions plastiques et l’utilisation de techniques pluridisciplinaires pour réaliser ses aciers peints, autoportraits à l’huile, natures mortes et constructions gravées.

Roland Cabot est né à Rio de Janeiro. Il a étudié l’architecture à Paris entre 1953 et 1956.

En 1963 il part aux USA où il séjourne 3 ans.

En 1967, il s’installe à Paris.

Ecoutons Roland Cabot à propos de ses oeuvres : « Mon travail est une dialectique permanente entre analyse (réalité) et synthèse (création) ». Des incursions dans deux mondes totalement différents qui expriment ses métamorphoses intérieures.

Quant à l’évolution de sa sculpture en acier, il déclare : « l’expression géométrique m’a initialement séduit, mais à partir de 1990, j’ai senti ses limites et me suis libéré de ses contraintes avec un langage aléatoire, proche du graffiti ».

Ici encore, l’auteur rompt avec ses références formelles et esthétiques.
Ce qui surprend également c’est l’effort singulier qui consiste à intégrer dans une même oeuvre la sculpture, le graphisme et la couleur, pour obtenir ce que nous pourrions appeler un art total.

Pour résumer, Roland Cabot est un artiste pluridisciplinaire inventif, qui réalise avec un jeu de volumes architecturaux et la couleur de multiples perspectives en fusionnant ces différents éléments plastiques.

En analysant son oeuvre sculptée, nous voyons en premier lieu son travail sur bois peint, réalisé de 1966 à 1976, où prédomine une polychromie qui nous fait penser à des cultures ancestrales, avec un entrelacs de formes rondes, coniques, cylindriques et baroques, une fusion de langages primitifs avec une esthétique post-industrielle.

Quant à ses sculptures en acier, réalisées de 1977 à 2006, on y voit un dessin plus dépouillé, des lignes plus pures et un mélange inventif de droites et de courbes qui font jouer les pleins et les vides.

En ce qui concerne ses « Constructions graphiques », elles sont un monde freudien, peuplé d’énigmes à résoudre, avec un caractère surréaliste et d’un expressionnisme particulièrement intéressant, parfois inquiétant, comme ses autoportraits à l’huile et à l’eau-forte, qui semblent nous défier sur fond d’inspiration onirique et qui mettent en évidence la perfection du dessin.

Enrique Elorduy
Critique d’Art
Bilbao, le 15/10/2001

LA SCULPTURE MODERNE EN FRANCE DEPUIS 1950

Avec Roland Cabot se pose le problème des confins de la sculpture et de la séparation des arts. Est-il plutôt un graveur ou un décorateur ? Ou bien un artiste qui réunit à la fois dans son œuvre la sculpture, la gravure, la peinture et l’art décoratif ? C’est Roland Cabot lui-même qui nous propose la réponse : « Etant donné la symbiose étroite entre le volume, le graphisme et la démarche architecturale qui préside à la réalisation de mon travail, j’utilise la dénomination « aciers peints ».

Je n’ai pas conscience d’être un sculpteur dans le sens traditionnel du terme. Mais justement, le sens traditionnel de la notion de sculpture a été depuis longtemps dépassé. Actuellement, les assemblages, les structures, les ensembles qui constituent un espace sculptural rentrent dans la nouvelle conception de la sculpture. Il y a même une tendance à abolir les frontières entre les arts et accepter leur réunion dans une création artistique.

Roland Cabot est un assembleur. Sa Sculpture Fontaine du Palais de Justice de Nancy ainsi que ses aciers peints sont des assemblages de tubes ou de plaques aux orientations différentes qui créent des mouvements et des oppositions de lignes de force dans l’espace. Pour appliquer la couleur et la gravure sur ses structures et ses panneaux en acier, Roland Cabot utilise des procédés originaux qui témoignent de son habileté et de son esprit d’invention.

Yonel Jianou

Yonel Jianou, Gérard Xuriguera, Aube Lardera.
Arted Editions d’Art, 1982

(traduit du portugais)
Nous avons dans la sculpture de Roland Cabot l’hégémonie des plans, l’éloquence des rythmes et la dépersonnalisation totale des limites de l’interprétation auxquelles tout l’art précédent se référait, une équivalence des formes pressenties par l’esprit, créées au hasard d’images poétiques de nature plus ou moins atavique. Nous voyons dans les œuvres exposées la réaction de l’objet au modèle organique du corps, construit suivant une perspective futuriste. Le grand corps de l’architecture s’imposait et l’espace habitable proposait au créateur des formes nouvelles ainsi qu’un comportement ludique et éphémère.

Avant de se définir comme sculpteur, Roland Cabot a été architecte et graveur. Ses antécédents situent sa problématique : le constructeur qui sensibilise la plaque métallique et qui, ultérieurement, se concentre sur l’aventure ambiguë de construire ses propres espaces respirables, en appliquant l’acide et la peinture sur la surface implacable du métal scintillant.

Rappelons l’aventure du « voir » ; les plaques métalliques respirent par un procédé d’illusion optique, proposant un système rythmique qui n’est pas exclusivement subordonné à une simple découpe ou à un éventuel montage. Ce sont des surfaces qui s’appuient sur les formes minimales et tyranniques de la géométrie (cette réponse de l’homme au caractère informel de l’univers créé) et qui, avec une recherche obsessionnelle, se sensibilisent en fonction de leurs propres moyens.

En gravant le dessin et en recréant les textures que l’ombre et le pli habitent avec une magie particulière, Cabot permet le développement d’un schéma dont la fin est l’épuisement de son propre désir, retournant à l’éventuel romantisme d’imprévisibles dimensions du réel. Avec sa récente sculpture fontaine monumentale réalisée pour le nouveau Palais de Justice de la ville de Nancy en France, il introduit des textures propres à l’eau, contrepoint des tubes industrialisés avec lesquels il a construit son propre support. L’eau qui coule linéaire et la vaporisation contrastante complètent irréversiblement le conduit matériel et solide des formes matricielles. Cabot est, finalement, un artiste engagé avec l’image extérieure du monde urbain, avec l’architecture vibrante des interludes des guerres et qui propose à l’homme une possible identité avec une évolution, celle que Gropius voulait cristalline, symbole éventuel d’une nouvelle foi.

Walmir Ayala
Journaliste, critique d’art
Rio de Janeiro, 1980

THE VILLAGER, GREENWICH VILLAGE, jeudi 3 décembre 1964
(traduit de l’anglais)

L’exposition de gravures de Roland Cabot, présentée à la Galerie Sudamericana de New York, dirigée par Armando Zegri, est placée sous les auspices de Mme. Dora Vasconcellos, Consul Général du Brésil à New York. C’est la première exposition individuelle de cet artiste. Le musée Metropolitan de New York a acheté son autoportrait. Une très belle œuvre.

Le dessin de Roland Cabot est excellent. Son trait est ferme, ses gris et ses noirs sont riches. Il utilise le pointillisme avec succès dans de nombreux dessins. Né à Rio de Janeiro, il a été envoyé en France à l’âge de dix-sept ans pour étudier l’architecture à l’Ecole des Beaux Arts de Paris. Plus tard, il étudiera la gravure au Musée d’Art Moderne de Rio. Ses œuvres sont présentes dans les musées Metropolitan et Museum of Modern Art de New York et dans des collections particulières en France, au Brésil et aux Etats-unis.

Aucune de ses gravures n’a de titre. Le N. 11, une composition complexe avec plusieurs matières constitue un ensemble extraordinairement intégré. Les N. 17 et 19 sont des natures mortes magnifiquement dessinées, avec des fleurs, des gobelets, des vases et de petites sculptures tandis que le N. 14 est un portrait « superlatif » de jeune fille.

Plusieurs paysages lyriques avec des nus féminins rehaussent cette exposition d’une qualité inhabituelle. Pour contraster, nous avons un masque qui intrigue l’imagination. Voici un artiste qui est essentiellement précis, qui utilise des triangles, des sphères, des cylindres qui leur donnent un air de Picasso, mais qui toutefois sont strictement CABOT. En résumant, ce jeune artiste a son propre langage exprimé avec force. Nous le félicitons.

Mabel MacDonald Carver

THE VILLAGER, GREENWICH VILLAGE, thursday, December 3, 1964
(version originale)

The current showing of Prints and Drawings by Roland Cabot of Brazil, presented at Sudamericana gallery, E. Eighth St., comes to us under the auspices of the Honorable Sra. Dora Vasconcellos, Consul General of Brazil, Armando Zegri, Director of the gallery, told us. It is the first one man show by this artist. The Metropolitan Museum has purchased the self portrait from the show; a very fine drawing.

Roland Cabot excels in graphic media. His line is flawless, his greys, blacks, rich. He uses pointillism successfully in many of his finest drawings. Born in Rio de Janeiro, he was sent to France at seventeen to study Architecture at the beaux Arts School of Architecture, later studying etching at the Museum of Modern Art in Rio de Janeiro. His work is found in New York Museums of Modern Art and the Metropolitan, and in private collections in France, Brazil and the United States.

None of the prints or drawings are titled. In Number 11, an intricate composition employing many textured fabrics, patterned ones also vie dramatically with baskets, to achieve an amazingly integrated whole. Number 17 and number 19 are magnificently drawn still lifes, of flowers, mugs, vases, small sculpture, while number 14 is a superlative drawing of a girl’s head.

Several lyrical landscapes with female nudes, drawings, highlight this unusually fine exhibition. In direct contrast there is a satirical « masque » which intrigues the imagination. Here is a draughtsman who is essentially accurate, who uses draped fabrics accented with geometrics; triangles, spheres, cylinders, to achieve a pattern which from across the room assumes a kind of a Picasso-like face, but which is strictly CABOT. In short, this young artist has his own powerfully expressed idiom. Our congratulations to him.

Mabel MacDonald Carver

NEW YORK HERALD TRIBUNE, le 28 novembre 1964

Roland Cabot (Sudamericana, 10 E. 8th) : Ce jeune brésilien mérite bien sa première exposition de gravures et de dessins. Dans un paysage avec nus il utilise le pointillisme, ce qui donne à son travail une uniformité classique. Dans ses natures mortes abstraites, la texture contient la composition.

John Gruen

NEW YORK JOURNAL AMERICAN, le 14 novembre 1964

Les gravures et les dessins de Roland Cabot se distinguent avec des textures riches et variées à la Galerie Sudamericana, 10 E. 8th St. Un effet quasi pointilliste valorise les qualités décoratives des nus et des paysages.

L.E. Levick

ART NEWS, Novembre 1964

Roland Cabot (Sudamericana ; Nov. 10-25) du Brésil montre d’intelligents graphismes, qui utilisent des trames et des textures en tant qu’éléments fonctionnels dans un clair obscur et de moins intéressantes natures mortes, qui tendent à être des compositions linéaires, avec ajout de décors.